Miser sur la R&D pour surpasser les défis post-pandémiques

Pour l’Université Laval, les grands piliers de l’économie de demain reposent sur l’accroissement des talents d’ici et l’innovation. Toutefois, face aux défis de la rareté de main-d’œuvre qualifiée et des opportunités de la recherche et du développement, il faut savoir où investir temps et financement pour une ère post-pandémique prospère.

Lors d’une conférence organisée par la Chambre de commerce et d’industrie de Québec (CCIQ), mardi, la rectrice de l’Université Laval, Sophie D’Amours, a répondu à la question : «Où miser pour tirer son épingle du jeu suite à la pandémie?»

Selon elle, la recherche et le développement doivent être dans le haut de la liste de priorités lorsque le creux de la crise sera passé.

Une nouvelle vision et plus de flexibilité de la part des maisons d’enseignements et des entreprises pourraient aussi répondre aux défis d’attraction et de rétention de main-d’œuvre spécialisée dans plusieurs secteurs de la région de Québec.

La rectrice mentionne également que les relations entre les milliers d’étudiants de l’Université Laval et les compagnies de Québec sont vitales au développement d’une économie «prospère et durable».

«Les desseins de la région de Québec et de l’Université Laval sont inévitablement liés. Soit on va mal ensemble, soit on va bien ensemble. C’est pourquoi il est essentiel, selon moi, de raffermir les liens entre les collèges, les universités et tous les acteurs de la société, donc les entreprises», soutient Mme D’Amours.

La recherche et le développement (R&D)

«Depuis la machine à vapeur, cinq grandes vagues technologiques ont transformé nos sociétés. Et elles ont toutes été précédées de grandes crises mondiales, comme celle que nous vivons en ce moment, explique la rectrice.

«À chacune de ces crises, la répartition du pouvoir économique a été changée. Les pays ont tous proposé des plans de relance et ceux qui ont le mieux réussi, ont investi dans la recherche et le développement.»

L’Université Laval est la 7e plus grande université de recherche au Canada, avec 426 M$ de fonds pour ce faire.

Investir dans la recherche et le développement et s’intéresser aux technologies du futur est urgent, ajoute-t-elle. «Elles sont porteuses d’innovations sociales, culturelles et technologiques qui vont carrément transformer notre société : la façon dont on vit, on se soigne, on étudie, on mange, on se déplace, et j’en passe.»

Par exemple, deux études concluantes ont été réalisées au Québec récemment. Jérôme Estaquier a découvert que le virus de la COVID-19 entraîne la mort de cellules essentielles pour lutter contre l’infection, similaire au virus du sida. Cette percée scientifique offre une nouvelle piste pour les traitements, se réjouit Mme D’Amours.

Le professeur Jacques Tremblay et son équipe de la Faculté de médecine de l’Université Laval et du Centre de recherche du CHU de Québec ont quant à eux franchi une autre étape dans le développement d’une thérapie génique contre l’alzheimer.

Cependant, pour continuer sur cette lancée, il faut renforcer la culture de l’innovation, prévient la rectrice. En 2018, 2,17% du PIB du Québec était consacré à la recherche et au développement. Un pourcentage «plutôt bien par rapport à la moyenne canadienne, mais c’est encore peu, si on se compare à des pays comme la Suède et l’Allemagne, qui investissent environ 3% du PIB en R&D».

La pénurie de main-d’œuvre

«La course aux personnes talentueuses sera la ruée vers l’or des années 2020», souligne Sophie D’Amours. Selon elle, attirer et former davantage de gens tout au long de leur vie est une condition fondamentale pour que la région prospère.

La pénurie de main-d’œuvre a fait basculer le pouvoir dans les mains des employés. Les employeurs doivent donc faire preuve de flexibilité pour assurer l’attraction et la rétention de travailleurs qualifiés. Ce qui permettrait aussi aux universités et aux entreprises de collaborer, au lieu d’être en concurrence.

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