PÉNURIE DE SEMI-CONDUCTEURS : LA CAVALERIE EST EN ROUTE

L’économie mondiale est actuellement secouée par un objet dont la taille se mesure en nanomètres et qui n’est pas produit en nombre suffisant pour répondre à la demande.

Les semi-conducteurs, qui étaient utilisés il n’y a pas si longtemps surtout dans les ordinateurs et autres appareils électroniques, sont maintenant partout, dans les frigos, les brosses à dents et même chez les animaux de compagnie. Le monde en manque et les fabricants souffrent.

La pénurie actuelle de puces électroniques a un peu à voir avec la pandémie, mais pas seulement. Elle s’explique surtout par la structure de l’industrie, qui est très concentrée. Les géants des semi-conducteurs, comme Intel aux États-Unis, ont avec le temps sous-traité leur production à un nombre réduit de fabricants asiatiques, qui sont devenus des géants et qui ont développé une expertise difficile à rattraper.

Aujourd’hui, la production des semi-conducteurs les plus avancés, les plus petits et les plus puissants est dominée par TSMC, à Taiwan, et Samsung, en Corée du Sud. La part des États-Unis dans la fabrication a été réduite à 10 %.

À lui seul, le fabricant TSMC a le quart du marché mondial des semi-conducteurs et presque tout le marché des puces de nouvelle génération qui équipent les appareils iPhone et les produits électroniques les plus sophistiqués.

Quand est venue la pandémie, les constructeurs automobiles ont réduit leurs commandes de semi-conducteurs parce qu’ils s’attendaient à un effondrement de leurs ventes. Ils ont rapidement constaté que ça n’arriverait pas, mais leur place sur le marché des semi-conducteurs avait été comblée par d’autres utilisateurs.

La demande de semi-conducteurs augmente de façon exponentielle. En 2019, les ventes mondiales totalisaient 450 milliards US, et elles devraient atteindre 1000 milliards US en 2030.

Une voiture, une moto, une motoneige ou un camion ne peuvent plus rouler sans semi-conducteurs. Les véhicules électriques, qui sont appelés à remplacer les voitures à essence, en ont encore plus besoin. Une Tesla 3, par exemple, en contiendrait 1380, selon le Journal de l’automobile.

UNE PLUIE D’ANNONCES

Le réveil a été difficile pour les constructeurs automobiles et fabricants de téléphones, et pour tout le monde aux États-Unis comme ailleurs, quand ils ont mesuré l’ampleur de leur dépendance envers des fabricants situés en Asie. Le plus important d’entre eux, TSMC, est situé dans un territoire revendiqué par la Chine, un pays qui a un appétit gigantesque pour ce produit.

En 2020, la Chine a importé pour 350 milliards US de semi-conducteurs et veut augmenter sa production pour combler 70 % de ses besoins en 2025.

Étant donné la dégradation des relations commerciales avec la Chine, une sorte de frénésie s’est emparée des gouvernements aux États-Unis, en Europe et au Japon, pour rapatrier la production de semi-conducteurs.

Si la fabrication s’était autant concentrée chez une poignée de fabricants, c’est que les installations nécessaires pour produire des semi-conducteurs efficacement et à moindre coût exigent des investissements faramineux. C’est la raison pour laquelle les États ont dû se montrer très généreux pour attirer ces investissements.

L’administration américaine en a fait une priorité avec un programme d’aide de 50 milliards US destiné à accroître la production de semi-conducteurs sur le sol américain. Elle a ainsi attiré le fabricant taiwanais TSMC, qui s’installera en Arizona dans une usine de 17 milliards US. Samsung a aussi annoncé un investissement de 17 milliards en Arizona, tout comme Intel qui veut fabriquer des semi-conducteurs dans une nouvelle usine de 20 milliards US.

En Europe, au Japon, à Taiwan et en Chine, des projets de nouvelles installations de production de semi-conducteurs ont aussi été annoncés. Il y en aurait 72 au total, pour des dizaines de milliards en investissement, en gestion dans le monde, selon SEMI, l’association qui regroupe les entreprises de la chaîne d’approvisionnement.

Tous ces projets mettent du temps à se réaliser, et tous ne se réaliseront probablement pas. Aussi, même si la cavalerie est en route, la guerre des puces risque de se poursuivre un certain temps.

À court terme, il faut donc s’attendre à ce que le prix des semi-conducteurs continue d’augmenter, entraînant celui d’une foule de produits de consommation courante. À plus long terme, si la capacité de production augmente au rythme annoncé, l’offre de semi-conducteurs pourrait dépasser la demande et faire chuter les prix.

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