Minéraux critiques et stratégiques: attention aux angles morts

Le gouvernement de François Legault a lancé officiellement ce jeudi sa stratégie pour valoriser les minéraux critiques et stratégiques (MCS) sur laquelle il planche depuis longtemps.

Si cette stratégie est globalement bonne sur papier, le défi sera de l’exécuter tout en jonglant avec deux enjeux cruciaux: la concurrence australienne et le piège de la première transformation.

Les MCS sont essentiels dans plusieurs secteurs. Des entreprises utilisent par exemple du cobalt, du lithium, du nickel et du graphite pour fabriquer des batteries pour les ordinateurs portables et les téléphones intelligents, les voitures électriques et le stockage d'énergie.

Des industriels se servent aussi des éléments du groupe du platine pour fabriquer les disques durs d’ordinateurs, de même que des terres rares pour manufacturer des aimants permanents présents dans les moteurs électriques.

Dans son Plan québécois pour la valorisation des minéraux critiques et stratégiques 2020-2025 (PQVMCS), Québec identifie 22 minéraux jugés essentiels, dans lesquels on trouve d’ailleurs du lithium, du graphite et du nickel.

Le gouvernement investit 90 millions de dollars sur cinq ans (budgétés lors du dernier budget, en mars) pour mettre en œuvre ce plan, qui s’articule autour de quatre axes:

  • Accroître les connaissances et l’expertise sur les minéraux critiques et stratégiques
  • Mettre en place ou optimiser les filières de façon intégrée en partenariat avec les régions productrices de MCS
  • Contribuer à la transition vers une économie durable
  • Sensibiliser, accompagner et promouvoir

Le Québec est-il condamné à la première transformation?

Aller au-delà de la première transformation sera aussi un enjeu de taille pour le Québec, même si des progrès ont été faits en ce sens par des PME québécoises.

Dans le graphite, Nouveau Monde Graphite (NMG) est en voie de réussir le pari de la deuxième, voire de la troisième transformation.

En septembre, la PME —qui détient détient un gisement de graphite sur sa propriété de Matawinie, située au nord de Joliette— a signé une entente avec Forge Nano, une multinationale américaine spécialisée en ingénierie de surface et en technologies de nanoenrobage de précision.

Cette entente avec Forge Nano —qui compte parmi ses partenaires le constructeur automobile allemand Volkswagen— est très importante, car l’enrobage du graphite est la dernière étape du procédé requise pour compléter la gamme des produits finis de NMG destinée aux secteurs des véhicules électriques et de l’énergie renouvelable.

Dans les terres rares, la minière Géoméga a posé les jalons de la deuxième transformation, avec son usine de démonstration de recyclage de ces minéraux stratégiques à Saint-Bruno-de-Montarville, sur la Rive-Sud de Montréal.

Sa technologie recycle et traite des aimants permanents à base de terres rares que l'on retrouve notamment dans les voitures électriques et les éoliennes.

La stratégie de cette PME est assez unique. Elle veut démontrer que le Québec et l'Amérique du Nord peuvent faire de la deuxième transformation de terres rares à grande échelle.

Aussi, quand la demande nord-américaine sera plus importante pour les produits issus de la deuxième transformation locale de terres rares pour les aimants permanents, Géoméga pourrait alors décider d'exploiter son propre gisement près de Lebel-sur-Quévillon, au nord de Val-d'Or.

Pour lire l'article complet : https://www.lesaffaires.com/blogues/zoom-sur-le-quebec/mineraux-critiques-et-strategiques-attention-aux-angles-morts/620790

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