Oser se remettre en question

Pandémie, inflation, problèmes d’approvisionnement, pénurie de main-d’œuvre… Les dernières années ont mis beaucoup de pression sur les dirigeants d’entreprise. Certains réussissent néanmoins à naviguer dans ces eaux tumultueuses comme si c’était un long fleuve tranquille. C’est le cas de la soixantaine d’entreprises qui figurent au palmarès des Sociétés les mieux gérées depuis au moins quatre ans. Quel est leur secret ?

Amisco s’est taillé une place dans le palmarès chapeauté par Deloitte en 2018 et tient bon depuis. Et contrairement à ce qu’on vécu bon nombre de sociétés, la crise sanitaire a été bénéfique pour le fabricant de meubles. « On est dans l’un des secteurs qui ont été grandement favorisés par la pandémie, admet d’emblée son président et directeur général, Réjean Poitras. La demande pour tout ce qui touche à la maison a explosé. »

Aujourd’hui, les choses reviennent à la normale pour l’entreprise de L’Islet, un peu à l’est de Montmagny. « Il y a un ralentissement par rapport aux sommets que nous avons connus durant la COVID-19. On demeure en très bonne position, au-delà du volume d’affaires que l’on faisait avant la pandémie, et ce, de façon significative », nuance-t-il.

Ce ralentissement fait tout de même en sorte qu’Amisco souffre moins de la pénurie de main-d’œuvre pour l’instant. « À moyen terme, on est très conscients que l’enjeu demeure. »

Ce dernier estime qu’en ces temps incertains, et avec le spectre d’une récession, il est beaucoup plus difficile de prévoir les volumes d’affaires dans les mois et les années à venir. Il reste que l’entreprise « navigue bien au travers de tout ça » grâce à son modèle d’affaires résilient. « Beau temps, mauvais temps, on continue à suivre notre plan de match et on continue à investir. »

Le temps d’oser

Sa diversification de produits, de géographie et de clientèles – Amisco vend à des détaillants en ligne comme aux plus traditionnels – fait partie de la clé de son succès, selon le PDG. « Ça fait en sorte qu’on peut passer au travers des risques », croit-il.

 

Les problèmes d’approvisionnement et les délais de livraison ont forcé l’équipe à demeurer agile et à s’adapter rapidement au plus fort de la pandémie.

Amisco a également délaissé une catégorie de produits en déclin pour faire de la place à d’autres.

L’entreprise a ainsi cessé de fabriquer des lits, même si ce groupe représentait 10 % de ses ventes. « Cette catégorie nous correspondait moins. On fait de la personnalisation de masse. Nos produits sont offerts dans une panoplie de couleurs, de textures, et on livre rapidement. Ce genre de détails est moins important dans la chambre à coucher. »

Ces stratégies ont tout pour plaire à Louis Hébert. Le professeur titulaire au département de management de HEC Montréal et codirecteur de l’EMBA McGill-HEC Montréal croit qu’en ces temps incertains, il faut se remettre en question. « C’est l’occasion d’avoir une réflexion plus large, d’examiner des avenues “radicales” qu’on mettrait autrement de côté. C’est le temps d’oser. »

Leader toutes catégories

Brigitte Vachon, leader provinciale, Sociétés les mieux gérées, chez Deloitte, n’a que des fleurs à lancer aux membres du club platine (lauréates depuis au moins sept années consécutives) et de la catégorie Or (présentes dans la liste depuis au moins quatre ans). « Durabilité, adaptation, résilience : d’année en année, ces entreprises sont performantes sur tous les aspects. Elles se renouvellent aussi. Le statu quo n’est surtout pas une option pour ces entreprises », remarque-t-elle.

Elle ajoute qu’elles affichent toujours un taux de croissance d’au moins 10 % et que la rentabilité est immanquablement au rendez-vous. Sans compter qu’elles se remettent constamment en question. « Avant, la planification stratégique était un exercice qu’on faisait tous les cinq ans. Maintenant, c’est tous les trois ans, avec des révisions pratiquement chaque année pour s’assurer que les données sont bonnes. »

La crème de la crème investit aussi « agressivement » dans l’innovation et les nouvelles technologies, notamment l’intelligence artificielle ou la robotisation, assure Brigitte Vachon.

Aux yeux de Réjean Poitras, l’avenir d’Amisco sera rose. « Ça fait des années qu’on travaille à améliorer notre position dans le marché, qu’on investit dans les outils, le développement de produits. Je suis positif malgré les possibles soubresauts de l’économie à court terme parce qu’on investit sur le long terme. »

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