Les robots québécois trouvent (enfin) preneurs au Québec

Même si beaucoup reste à faire, les fabricants de robots québécois réussissent de plus en plus à vendre leurs produits dans la province, car les entreprises manufacturières trouvent plusieurs avantages à s’approvisionner localement quand vient le temps de robotiser leur chaîne de production.

 

Le cas d’OptiMach, une PME spécialisée dans l’intégration de solutions industrielles pour entreprises manufacturières basée à Témiscouata-sur-le-Lac, dans le Bas-Saint-Laurent, témoigne bien des changements en cours dans le marché des robots locaux.

Habituellement, ce distributeur achetait uniquement ses machines en Allemagne, un pays réputé pour la qualité de ses produits. Une fois les robots reçus, OptiMach les programmait et les intégrait à la chaîne de production d’entreprises manufacturières québécoise.

Or, récemment, l’entreprise a décidé d’élargir son offre afin d’y inclure un robot industriel fabriqué ici (les détails sont pour l’instant confidentiels), et ce, après avoir assisté à une démonstration concluante, explique son président, Francis Pelletier. «On va offrir cette solution au secteur industriel du Québec», annonce-t-il, en précisant toutefois qu’il y avait peu de fabricants de robots québécois.

 

Le Québec importe la plupart de ses robots

Carl Fugère, directeur général du Regroupement des entreprises en automatisation industrielle (REAI), la grappe québécoise des fournisseurs d’équipements, de logiciels et de services spécialisés pour le manufacturier 4.0, confirme qu’il y a peu de joueurs québécois dans le domaine.

«Les robots installés dans les chaînes de production des entreprises manufacturières du Québec proviennent essentiellement de l’Allemagne, de la Chine et de l’Italie», affirme-t-il.

D’ailleurs, il a déjà déploré l’inadéquation entre la demande et l’offre québécoise pour des solutions en automatisation industrielle en mai 2019, lors de la publication de l’étude «La fabrication de pointe au Québec (Portrait de l’offre et faits saillants de l’infrastructure de soutien et de la demande)», réalisée par Deloitte et E&B Data.

À l’époque, la plupart des membres du REAI devaient exporter leurs expertises aux États-Unis, où les entreprises manufacturières se convertissent plus rapidement au manufacturier 4.0 qu’au Québec.

Les entreprises manufacturières d’ici ne le criaient pas non plus sur les toits, mais la confiance à l’égard des robots made in Germany était beaucoup plus grande que ceux made in Québec.

Or, les perceptions changent et la demande pour des robots québécois est en croissance, affirme Carl Fugère, citant des systèmes de robotisation conçus par des entreprises d’ici comme Robotiq, Mecademic ou Kinova.

Selon lui, la pandémie de COVID-19 a exacerbé la pénurie de main-d’œuvre. Cette situation a convaincu des entreprises de se doter de systèmes mécanisés et de robots afin d’automatiser leur processus, réduisant ainsi l’impact de la pénurie. «Depuis 2019, la demande pour ces solutions augmente de 35 à 40% par année», estime-t-il.

Kinova, un fabricant de robots de Boisbriand, sur la Rive-Nord de Montréal, profite de cet engouement. «Définitivement, on note une grande demande pour les robots québécois», affirme Alexandre Huynh-Bélanger, directeur principal de la gestion de produits de cette PME qui participe régulièrement à des expositions sur l’automatisation, notamment au Québec.

Longtemps spécialisée dans la fabrication de robots pour le secteur des sciences de la vie, l’entreprise s’attaque désormais au secteur manufacturier, avec le lancement, en mars, du Link 6, un robot collaboratif industriel qui côtoie les travailleurs de manière sécuritaire.

«On vise l’ensemble du secteur manufacturier, mais avec un accent sur l’électronique, l’agroalimentaire et l’emballage», précise Alexandre Huynh-Bélanger.

Kinova vend chaque exemplaire de ce robot — qui peut soulever une charge continue de six kilogrammes et a une portée maximale d’un mètre – 50 000 $. Cette machine permet par exemple de faire des tâches d’assemblage répétitives à faible ajoutée pour des travailleurs. «Notre robot peut même faire fonctionner d’autres machines», ajoute-t-il.

 

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