Hub de batteries à Bécancour: attention aux angles morts

Investissement Québec ne manque pas d’ambition. La société d’État veut faire à terme du parc industriel et portuaire de Bécancour un hub de classe mondiale afin de fabriquer des batteries pour véhicules électriques. Si le Québec a de nombreux atouts, le défi sera toutefois l’exécution de cette vision stratégique, sans parler des risques d’affaires.

Voilà le principal élément qui ressort d’un récent entretien avec Guy LeBlanc, PDG d’Investissement Québec, et Hubert Bolduc, président d’Investissement Québec International, la division du bras financier du gouvernement qui accompagne les entreprises québécoises sur les marchés d’exportation et qui attire les sociétés étrangères au Québec.

Je les ai interviewés dans le cadre d’une tournée médiatique orchestrée par la société d’État afin de faire connaître sa vision à propos du futur hub de Bécancour, et ce, dans une logique d’économie circulaire.

Commençons par l’ambition.

Guy LeBlanc estime que le futur hub de Bécancour peut figurer à terme dans le top trois mondial pour la fabrication de batteries – sans considérer la Chine, car le manque d’information à propos de ce pays fait en sorte qu’il est difficile d’évaluer son positionnement.

«Si l’on fait un bloc avec les matières actives et les matières premières précurseurs, il n’y a aucune raison qu’on ne soit pas dans un top trois mondial en excluant la Chine», affirme Guy LeBlanc.

On peut comprendre qu’il soit en confiance.

 

Multiplication des projets à Bécancour

Le 4 mars, la multinationale allemande BASF a annoncé qu’elle construira une usine de fabrication et de recyclage de batteries pour véhicules électriques à Bécancour, qui doit être complétée en 2025.

Trois jours plus tard, le 7 mars, General Motors et la sud-coréenne POSCO Chemical ont annoncé qu’elles construiront à Bécancour une usine qui fabriquera des composantes de batteries de véhicules électriques, qui devrait être en activité en 2025.

On retrouve aussi à Bécancour des projets dans le lithium et le graphite, deux minéraux indispensables dans la transition énergétique et la fabrication de batteries pour véhicules électriques, avec les usines de Nemeska Lithium et de Nouveau Monde Graphite, deux entreprises québécoises.

Si la vision stratégie d’IQ se déploie comme prévu d’ici 2030 et au-delà, les exportations du hub de Bécancour pourraient même permettre au Québec d’atteindre un niveau d’exportation représentant 50% du PIB québécois (cette proportion est actuellement de 47%), souligne Hubert Bolduc.

Pour y arriver, la valeur des exportations du hub devrait osciller alors entre 15 à 20 milliards de dollars canadiens (G $CA), lorsque la phase 3 sera complétée (nous sommes actuellement dans la phase 1, et ce, d’ici 2025) et que le hub fonctionnera à pleine capacité.

 

Les nombreux atouts du Québec

Il faut dire que les atouts du Québec sont nombreux pour attirer des joueurs de l’industrie comme les géants BASF et GM/POSCO à Bécancour.

L’ÉNERGIE – Nous avons une énergie renouvelable, qui permet aux entreprises de participer à la transition énergétique tout en réduisant leur empreinte carbone, souligne Guy LeBlanc.

Par exemple, 1 kilowattheure produit au Québec émet seulement 1 gramme de C02. En Ontario et au Michigan, c’est respectivement 40 et 520 grammes par kWh.

LES MINÉRAUX – Le sol québécois abrite aussi la plupart des minéraux critiques et stratégiques pour fabriquer des batteries de véhicules électriques, à commencer par le lithium et le graphite.

C’est sans parler que le Québec a aussi une stratégie sur les minéraux critiques et stratégiques (2020-2025), qui a été lancée en octobre 2020, au début de la pandémie.

LA LOCALISATION – Non seulement le parc industriel et portuaire de Bécancour a de l’espace pour accueillir de nouvelles usines, mais il offre aussi un port en eau profonde (essentiel pour exporter), en plus d’être relié aux transports routier et ferroviaire.

De sorte que la production de Bécancour peut atteindre facilement et assez rapidement le centre et le nord-est de l’Amérique du Nord, sans parler de l’Europe.

Trois risques qui pointent à l’horizon

Cela dit, le futur hub fait face à plusieurs risques qui pourraient nuire à son développement s’ils étaient mal gérés.

Pour lire l'article complet : https://www.lesaffaires.com/blogues/dans-la-mire/hub-de-batteries-a-becancour-attention-aux-angles-morts/632418

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